Le palais est la résidence du souverain et le siège du gouvernement. C'est aussi un monde particulier avec sa propre population et ses gardiens.

Il contient plusieurs parties distinctes : les bâtiments officiels et le sérail intérieur avec le harem. On entre dans le palais par la porte impériale qui donne accès à la première cour gardée par 150 portiers. La première cour est ouverte à tous mais chacun se doit d'être habillé correctement pour y circuler. On passe dans la seconde cour par la porte du Milieu. Autour d'un jardin planté d'arbres, il y a les diffèrents bâtiments officiels (cour de justice, cuisines, offices, chambre d'hôtes, trésor, salle du Divan -pièce dans laquelle le Sultan assiste au Conseil-, la chancellerie).

 On entre dans la troisième cour par une troisième porte appelée "porte de la Félicité" qui donne accès à la partie privée du sérail. Juste au débouché de cette porte se trouve la salle d'audience où le sultan reçoit par exemple les ambassadeurs étrangers. Au-delà sont les lieux privés : trésor privé, appartements du padichah (quatrième cour), bâtiments du harem et divers pavillons ou kiosques. Le nom du palais a été donné par une porte qui donnait accès à des batteries de canons (Top Kapi ou porte des canons).

Il n'y a pas dans ce palais d'unité de style en raison des différentes époques où il a été construit.

C'est dans les bâtiments situés au-delà de la troisième porte que se trouve la résidence personnelle du sultan qui vit là entouré de ses domestiques et esclaves et de son harem.

On compterait 40 000 soldats, serviteurs, esclaves, hallebardiers, cuisiniers, patissiers, boulangers, adjemioglans, tapissiers, eunuques, portiers blancs et noirs, bourreaux, palefreniers et 12 000 jardiniers selon certaines sources et seulement 14 500 membres du personnel (jardiniers compris) selon d'autres.

Le personnel qui vit et travaille dans le palais n'en sort pas.

Pour simplifier, il est possible de séparer le palais en deux grandes parties : le selamlik où se tenait habituellement le sultan et son entourage masculin et le harem surveillé par les eunuques noirs.

Dans le selamlik, il y avait notamment un grand salon, entièrement tapissé de faïences et de somptueuses chambres à coucher, une bibliothèque et une salle à manger.

 À plusieurs reprises, le selamlik fut envahi par des janissaires mécontents. C'est dans une pièce du sérail que les sultans du XVIIe siècle ont mis à mort à plusieurs reprises leurs frères afin qu'ils ne fassent pas d'ombre au sultan ; parfois ils furent enfermés dans un appartement grillagé et gardé appelé le kafès.

En 1640, Ibrahim, frère de Mourad IV, qui vivait dans le kafès depuis nombre d'années, fut si effrayé du bruit qu'il entendait au dehors et des coups frappés dans la porte du kafès qu'il s'y barricada. En fait le tumulte provenait de ce que, Mourad IV étant mort, on venait délivrer Ibrahim pour le proclamer sultan. Il fallut enfoncer la porte et lui montrer la tête de Mourad pour qu'il consente à sortir.

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Le harem est dirigé par la sultane mère avec les concubines légales qui ont eu l'honneur de donner un fils au sultan, les favorites temporaires et les esclaves. Les intrigues n'étaient pas rares pour monter dans la hiérarchie : par exemple Roxelane, esclave qui, à la mort de la mère de Soliman, intrigua pour obtenir finalement une influence considérable auprès du sultan et pour inaugurer une phase luxueuse au harem.

Soliman le Magnifique a donc été le principal hôte de ce palais ; celui qui réussit à imposer sa domination à tous les musulmans et à l'emporter dans une grande partie de l'Europe était d'abord un chef politique et religieux : maître de l'empire ottoman (parfois par l'intermédiaire de ses vizirs). Il a le droit de vie ou de mort sur ses sujets. Il est le représentant de Dieu sur terre après la disparition du dernier calife descendant des Abbassides. 
Les sultans se succèdent de père en fils ; une loi permet d'ailleurs de tuer les prétendants illégitimes. Soliman le Magnifique, à son avènement, supprima son neveu et ses deux petits-neveux ; par la suite, il fit mettre à mort deux de ses fils. Règnant en maître, il  se livra à ses occupations favorites : les expéditions militaires, l'administration, la poésie, les constructions. Proclamé chef de l'Empire, le sultan se rend à la mosquée d'Eyoub où il ceint le glaive avant de recevoir l'hommage des principaux dignitaires.  

Photos : kiosques, cuisines, jardins, harem avec ses faïences de Kütahya
 
 

Texte d'après Robert Mantran, Istanbul au siècle de Soliman le Magnifique, Hachette.

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