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Napol?on Bonaparte

 

 
Biographie

Bonaparte est né à Ajaccio en Corse le 15 août 1769 d'une famille modeste de notables locaux de neuf enfants dont il est le deuxième. Après des études au collège d'Autun et à l'école militaire de Brienne, il est lieutenant d'artillerie à l'âge de 16 ans. Il s'illustre pour la première fois au siège de Toulon en septembre 1793 ; connaît une traversée du désert après le 9 thermidor avant de rejoindre son ami Barras pour mater une révolte royaliste le 5 octobre 1795. Général de l'Armée de Paris, il commence à se faire connaître. Il épouse civilement Joséphine en 1796 ; en mars le Directoire lui confie l'armée d'Italie. Bonaparte vole alors de victoires en victoires et revient à Paris en héros en décembre 1797 après la signature du traité de Campo Formio arraché à l'Autriche. 

La campagne d'Egypte en 1798 tourne moins bien mais Bonaparte s'illustre par son goût pour l'Orient. De retour en France alors que le Directoire est en pleine décomposition, il est associé par Sieyes au renversement du pouvoir. Il devient alors l'un des trois consuls provisoires au pouvoir (9 novembre 1799). Il impose par plébiscite une nouvelle constitution et se fait nommer Consul à vie (1802). Sacré Empereur le 2 décembre 1804, il divorce de Joséphine en 1810 pour épouser Marie-Louise et se livre à partir de 1803 à des guerres incessantes. La retraite désespérée de Russie en 1812 et sa défaite devant les nations d'Europe coalisées en 1813 conduisent à son abdication en 1814. Il est exilé à l'île d'Elbe ; revient au pouvoir pour cent jours ; est de nouveau battu à Waterloo en Belgique en juin 1815 et exilé à l'île de Sainte-Hélène où il meurt le 5 mai 1821.

La dictature comme régime politique

La dictature impose qu'une très grande partie des décisions soit prises par Napoléon ; les ministres ne sont alors que de simples commis dont les compétences sont morcelées. Néanmoins, les préfets sont souvent conduits à décider. La seule consultation valable utilisée sous l'Empire est alors le referendum (sa valeur est relative : "en l'an VIII (par exemple), les résultats avaient été truqués par Lucien"). Les assemblées gardent un pouvoir relatif; contrebalancé par le referendum utilisé pour les dessaisir. La liberté de la presse n'existe plus. L'opposition utilise alors le complot. Bref le système politique se résume à des contradictions soulevées par l'auteur : "maintien d'assemblées représentatives, mais dans le mode de désignation détournement du suffrage universel et préférence pour une consultation directe par referendum ; autorité concentrée dans les mains d'un homme, mais formes républicaines conservées au moins jusqu'en 1806 ; apparition tardive de l'hérédité et d'une aristocratie. Au total une dictature à la romaine transformée en une monarchie héréditaire qui fait référence à l'Empire carolingien pour mieux faire oublier les Capétiens". Jean Tulard affirme même que Napoléon a davantage de pouvoirs que Louis XIV à son époque puisque ce dernier devait composer avec les privilèges de nombre de Français.

Un Empire aux dimensions de l'Europe

Au moment du Directoire, la France a atteint ses frontières naturelles ; elle rayonne au plan économique mais moins que l'Angleterre. La France s'organise toujours en départements passés de 83 en 1790 à 102 après la paix de Campoformio puis à 130 (Belgique, rive gauche du Rhin, une grande partie de l'Italie sont annexés à la France) : l'Empire dépasse les 750 000 kilomètres carrés et les 45 millions d'habitants. L'Empire compte aussi l'Espagne, le Portugal, les Etats Allemands et des Etats satellites ou amis. Les routes construites à cette époque permettent de relier les différentes conquêtes de l'Empire. Le 7 fructidor an XII, une direction générale des Ponts et Chaussées s'occupe de leur administration. Le Code Civil est un autre moyen d'unifier les citoyens de l'Empire. En 1810 le Musée Napoléon à Paris est devenu le plus grand centre d'oeuvres d'art en Europe tandis que s'impose le style empire. La conscription intègre à partir de 1806 des contingents étrangers. 


Résumé de l'ouvrage de Jean Tulard, Napoléon, Le pouvoir, la nation, la légende, Paris, Le Livre de Poche, 1997.

Légitimité et poursuite de la Révolution ?

La dictature imposée par Napoléon se justifie par les circonstances ("divisions religieuses et discordes politiques, inflation galopante suivie d'une brutale déflation, insécurité des villes et des campagnes, guerre incertaine et sans fin"). Seule la perte de sang-froid de Napoléon et l'intervention des généraux Murat et Leclerc a pu laisser penser à un coup d'État le 19 brumaire. Napoléon affirme même à plusieurs reprises la primauté du civil sur le militaire même si la guerre va occuper tous les esprits. 

Le succès du Consulat est indéniable, grâce à une large adhésion populaire : "pacification religieuse grâce au concordat de 1801, redressement financier (Banque de France, franc-germinal), réformes administratives (loi du 28 pluviôse an VIII créant les préfets), victoires à l'extérieur mettant fin à dix ans de guerre". Le sacre de 1804 peut même être considéré comme étant dans la continuité de la Révolution ; il est suivi d'un plébiscite. En 1810, en revanche, avec son mariage avec Marie-Louise "qui fait de l'Empereur le neveu de Louis XVI et de Marie Antoinette", Napoléon rapproche son régime de la monarchie héréditaire, confirmé en 1811 par la naissance du roi de Rome.

Napoléon et le problème des nationalités

Devant l'impossibilité de débarquer en Angleterre, par le décret de Berlin du 21 novembre 1806, Napoléon tente d'isoler son voisin économiquement en brisant ses exportations par le système du Blocus continental. L'Angleterre est en partie sauvée par la contrebande. Le sentiment national des pays occupés ressurgit à la faveur des privations ; en Allemagne ou ailleurs avec la création de sociétés secrêtes. En Espagne, l'armée française ne fait pas forte impression ; s'y ajoute l'attachement au roi et la religion. "Tout éclate le 2 mai 1808, ce Dos de Mayo immortalisé par Goya". Le départ de Madrid de l'Infant Antonio est transformé dans l'esprit des Espagnols en un enlèvement. Puis c'est au tour de l'Autriche qui entre en guerre contre Napoléon en 1809 ; après la défaite en Russie, l'Allemagne se soulève à son tour à partir de la Prusse orientale. Finalement, l'Empire s'écroule dès 1813 "comme un château de carte". Napoléon est semble-t-il resté sourd aux revendications nationales des peuples dominés. Il n'est pas question par exemple d'unifier l'Italie : "à quoi bon créer un géant dont l'immensité colossale nous embarrasserait un jour ?" déclare Barras. L'arrivée des troupes de l'Empereur commandées par Murat en Pologne est ressentie comme une libération possible du voisin oriental, la Russie, de la Prusse et de l'Autriche. Napoléon se contente de créer un modeste duché de Varsovie qui n'est pas un Etat indépendant. Depuis 1809, l'Empereur tient l'Autriche après la victoire de Wagram. Dans cette région, Napoléon joue un instant la carte des nationalités, par exemple des Hongrois mais lors des négociations de Schönbrunn, s'il y a effectivement des remaniements de l'Empire d'Autriche-Hongrie, ce n'est pas dans l'optique des nationalités mais dans celle du blocus continental. Dans l'ensemble donc, Napoléon est indifférent au principe des nationalités au contraire de Murat qui s'est trouvé parfois en opposition avec l'Empereur (la position de Murat est éclairée par cette phrase prononcée le 26 janvier 1814 : "l'Empereur ne veut que la guerre...Je réunis mes armes à celles des puissances alliées dont les intentions magnanimes sont de rétablir la dignité des trônes et l'indépendance des nations" ; Murat oeuvre pour une première unification de l'Italie). 

La légende

Bonaparte a fondé sa notoriété en créant par exemple des journaux sur ses campagnes militaires. La campagne d'Egypte contribue à forger la légende. Napoléon invente le communiqué de guerre diffusé dans toute la France et utilise la peinture comme moyen de propagande (Napoléon à Eylau de Gros par exemple). Les pamphlets viennent ensuite. 

Pendant les crises du XIXe siècle, l'Empire est magnifié comme étant une période de gloire et de prospérité. "En 1823, deux ans après la mort de Napoléon, parut en librairie le Mémorial de Saint-Héléne de Las Cases (...). Le Mémorial offrait au romantisme le héros idéal". Il a un tel retentissement que Louis-Philippe organise le 12 mai 1840 le retour des cendres de Sainte-Hélène pour déposer la dépouille aux Invalides. L'image perd quelques forces au moment de Sedan mais les retrouve au moment de reprendre l'Alsace-Lorraine. Le roman populaire et les pièces de théâtre s'emparent du thème et du personnage. Cette célébration inachevée conduit l'auteur à conclure sur ce thème : "le génie de Napoléon ne fut-il pas en définitive de s'être composé une silhouette (...)". 

Enfin, la légende de l'Aiglon, son fils, est popularisée par Rostand au début de notre siècle : "Un prince jeune, beau, fils de l'homme le plus illustre du XIXe siècle, privé d'un empire qui comprenait la moitié de l'Europe, abandonné par une mère adultère, élevé dans l'ignorance de son père et de sa patrie (...)". 

À son échelle, le soldat de la Grande Armée, le demi-solde, le Grognard raconte les épopées de Napoléon. 

Au total, Tulard pense que la légende et le mythe se sont institués parce que le destin de l'Empereur et de son fils ont été tragiques. 

La campagne de Russie

Bonaparte ne découvre la Russie qu'après son avènement au pouvoir. 

A l'époque d'Alexandre, Napoléon pense que la Russie doit se tourner vers l'Orient et délaisser l'Occident. La rupture s'annonce alors en 1805 ; "devenue inévitable, le guerre se termine sur la défaite austro-russe à Austerlitz". L'affrontement tourne au carnage avec la bataille d'Eylau en février 1807. Avec la paix, Napoléon est prêt à se rapprocher d'Alexandre mais les nuages reviennent vite : "à Erfurt, Napoléon est déçu par le tsar dont il espérait qu'il neutraliserait l'Autriche pendant que lui-même serait engagé en Espagne". Le problème de la Pologne accentue le différent. D'ailleurs l'Empereur se marie avec une Autrichienne n'ayant pu obtenir la main de la soeur du tsar. Napoléon prépare la guerre ; il compte sur le soulèvement des serfs ; croit en 1811 à un bluff d'Alexandre Ier et s'imagine profiter d'alliances hypothétiques (Suède, Turquie, Prusse et Autriche). Dans un premier temps, les troupes impériales approchent de Moscou après la victoire de la Moskova et entrent dans la ville en septembre 1812 ; ils la saccagent. Mais la retraite tourne à la déroute dès novembre 1812 jusqu'au passage de la Berezina et à la bataille qui suivit. De retour à Paris, Napoléon explique qu'il n'a été vaincu que par le froid. 


Chronologie

18 décembre 1793 : Prise de Toulon, sous l'impulsion de Bonaparte qui en chasse les Anglais. Le 22 décembre, il est nommé général.

5 octobre 1795 : Echec de l'insurrection royaliste contre la Convention. Bonaparte y joue un rôle déterminant.

2 mars 1796 : Bonaparte est nommé commandant en chef de l'armée d'Italie.

15 mai 1796 : Bonaparte entre dans Milan.

17 octobre 1797 : Paix de Campoformio qui met fin au conflit franco-autrichien.

19 mai 1798 : Bonaparte part avec une armée pour l'Egypte.

24 juillet 1798 : Bonaparte entre au Caire.

ler août 1798 : Nelson détruit la flotte française à Aboukir.

9 octobre 1799 : Retour de Bonaparte en France.

9-10 novembre 1799 : Coup d'Etat dit de Brumaire.

15 décembre 1799 : Proclamation d'une nouvelle constitution qui assure la réalité du pouvoir à Bonaparte.

17 février 1800 : Création des préfets.

14 juin 1800 : Victoire de Marengo sur les Autrichiens.

24 décembre 1800 : Attentat manqué contre Bonaparte.

9 février 1801 : Paix de Lunéville avec l'Autriche.

15 juillet 1801 : Signature du Concordat.

25 mars 1802 : Paix d'Amiens avec l'Angleterre.

19 mai 1802 : Institution de la Légion d'honneur.

4 août 1802 : Nouvelle constitution établissant le Consulat à vie.

16 mai 1803 : Reprise de la guerre avec l'Angleterre.

21 mars 1804 : Exécution du duc d'Enghien.

18 mai 1804 : Napoléon est proc1amé empereur des Français.

2 décembre 1804 : Sacre de Napoléon.

10 septembre 1805 : L'Autriche attaque la Bavière, alliée de la France.

19 octobre 1805 : Napoléon bat les Autrichiens à Ulm.

21 octobre 1805 : Défaite de la flotte française à Trafalgar.

2 décembre 1805 : Victoire d'Austerlitz.

26 décembre 1805 : Paix de Presbourg avec l'Autriche.

30 mars 1806 : Joseph Bonaparte est proclamé roi de Naples.

10 mai 1806 : Création de l'Université impériale.

5 juin 1806 : Louis Bonaparte devient roi de Hollande.

12 juillet 1806 : Création de la Confédération du Rhin.

14 octobre 1806 : Napoléon défait les Prussiens à Iéna.

21 novembre 1806 : Décret de Berlin établissant le blocus continental.

8 février 1807 : Victoire d'Eylau sur les Russes.

14 juin 1807 : Victoire de Friedland sur les Russes.

7 juillet 1807 : Traité de Tilsit avec la Russie.

22 juillet 1807 : Naissance du duché de Varsovie.

16 août 1807 : Jérôme Bonaparte devient roi de Westphalie.

30 novembre 1807 : Junot entre dans Lisbonne qui avait refusé de se fermer aux vaisseaux anglais.

2 mai 1808 : Insurrection de Madrid contre la mainmise des Français sur l'Espagne.

4 juin 1808 : Joseph est proclamé roi d'Espagne. Murat le remplace à Naples.

22 juin 1808 : Défaite du général Dupont à Baylen devant les insurgés espagnols.

30 août 1808 : Junot capitule devant les Anglais à Cintra.

27 septembre 1808 : Entrevue de Napoléon et du tsar à Erfurt.

4 décembre 1808 : Napoléon reprend Madrid aux insurgés.

8 avril 1809 : L'Autriche attaque la Bavière.

22 avril 1809 : Victoire de Napoléon à Eckmühl.

6 juillet 1809 : Victoire de Wagram. Arrestation du pape.

14 octobre 1809 : Paix de Vienne avec l'Autriche 17 février1810 : Réunion de Rome à l'Empire.

2 avril 1810 : Mariage de Napoléon avec Marie-Louise de Habsbourg.

9 juillet 1810 : Réunion de la Hollande à l'Empire.

20 mars 1811 : Naissance du roi de Rome.

19 janvier 1812 : Victoire de Wellington en Espagne.

24 juin 1812 : Napoléon franchit le Niémen et attaque les Russes.

14 septembre 1812 : Napoléon entre dans Moscou.

23 octobre 1812 : Coup d'Etat manqué du général Malet.

18 octobre 1812 : Début de la retraite de Russie.

21 juin 1813 : Wellington bat les Français à Vittoria.

12 août 1813 : L'Autriche se joint à la Prusse et à la Russie contre la France.

16-19 octobre 1813 : Défaite de Napoléon à Leipzig.

16 novembre 1813 : Insurrection des Hollandais contre les autorités françaises.

17 janvier 1814 : Murat abandonne Napoléon.

30-31 mars 1814 : Paris s'ouvre aux ennemis.

2 avril 1814 : Le Sénat prononce la déchéance de Napoléon.

6 avril 1814 : Napoléon abdique sans conditions. Le traité de Fontainebleau lui assure l'île d'Elbe.

ler novembre 1814 : Ouverture du Congrès de Vienne.

26 février 1815 : Napoléon quitte l'île d'Elbe.

20 mars 1815 : Napoléon est de retour à Paris.

18 juin 1815 : Défaite de Napoléon à Waterloo.

15 juillet 1815 : Napoléon se livre aux Anglais.

7 août 1815 : Napoléon est déporté à Sainte-Hélène.

5 mai 1821 : Mort de Napoléon à Sainte-Hélène.

15 décembre 1840 : Retour des Cendres de Napoléon.

 

Le site de la fondation Napoléon