idel Castro est "l'idée fixe" de John Kennedy. La présidence de JFK est en effet ponctuée par des temps de crise avec Cuba et Fidel Castro. Le retentissement de ces crises est tel dans l'opinion publique américaine que JFK se doit de finalement réussir. 
Cuba se situe à quelques miles de la Floride et selon la fameuse doctrine Monroe, rédigée en 1823, le continent américain est l'affaire des "Américains". Si bien que durant le XIXe siècle et le XXe siècle, les interventions nord-américaines dans la partie latine du continent se sont multipliées. 
Cuba a été une île espagnole jusqu'en 1898, date à laquelle l'île conquiert son indépendance laquelle se transforme en une forme de protectorat dès 1903. 

   Les Américains se sentent alors comme chez eux dans l'île. "La base navale de Guantanamo, sur la côte méridionale de Cuba, est louée aux Américains. Les investissements dans la canne à sucre, dans l'immobilier accroissent la dépendance de Cuba à l'endroit des Etats-Unis. Les gangsters de Las Vegas, de Miami et d'ailleurs découvrent avec ravissement que l'île est un lieu idéal pour blanchir l'argent qu'ils ont accumulé ailleurs. Ils y installent toutes sortes d'établissements que la morale réprouve et dont ils tirent de substantiels profits". 
Après la guerre, les Etats-Unis hésitent à aider les mouvements de libération dans les pays d'Amérique latine de peur de favoriser l'émergence de pays communistes. A Cuba, Fidel Castro accède au pouvoir en janvier 1959 avec la bienveillance américaine. Mais le leader cubain entreprend une réforme agraire ; de surcroît il apporte son aide à ses voisins en lutte contre les dictatures. En avril 1959, Castro rencontre Nixon à Washington lors d'une visite où il séduit la presse. 
La présidence américaine hausse le ton : embargo sur le sucre, les vivres et les médicaments tandis que l'URSS promet d'acheter 5 millions de tonnes de sucre au cours des cinq prochaines années. 
Pendant sa campagne, Kennedy laisse entendre que les républicains ont une responsabilité dans la radicalisation de Castro avant de changer de discours et de décréter que le président cubain est un danger. Lors d'un débat télévisé, Nixon cache à son adversaire la préparation d'un débarquement : Nixon est pris en défaut en passant pour laxiste.
Elu, Kennedy est informé du projet et accepte son exécution. Dans le même temps une politique d'aide aux pays d'Amérique latine est amorcée. Le débarquement aura lieu dans la baie des Cochons, à 70 km à l'ouest de Trinidad, à 120 km des monts Escambray ; environ 1 400 hommes participent précédés par des bombardiers B26.
Beaucoup de conseillers du président sont sceptiques. Le 15 avril 1961, "huit avions non identifiés (...) détruisent au sol la moitié de l'aviation de Fidel Castro, mais, conséquence prévisible, Castro réagit sans tarder, mobilise des milliers de ses compagnons, disperse le reste de l'aviation". "Le 16 avril, Kennedy donne l'ordre de débarquer sur le territoire cubain dès le lendemain. Les castristes, loin de fuir après avoir abandonné leurs armes, se battent avec détermination. Le peuple cubain ne se soulève pas. Kennedy refuse alors d'envoyer une deuxième vague de bombardiers. L'aviation de Castro coule un bateau chargé d'armes et de munitions et un deuxième bateau qui transportait l'essentiel de la logistique. Cette fois-ci, Kennedy autorise des B 26 à dégager les contre-révolutionnaires. Trois appareils sont touchés. Le 19 avril, les 1400 hommes se rendent aux soldats de Fidel Castro. L'invasion a lamentablement échoué. Castro dispose de forces nettement supérieures et décidées à combattre."
Mais la CIA ne renonce pas ; "des programmes variés sont mis en place : propagande radiophonique, sabotages d'installations industrielles, et agricoles, démarches diplomatiques, Miami est métamorphosé en un quartier général de l'anticastrisme, La CIA y installe un centre, baptisé JM WAVE et composé de 300 permanents américains, qui a pour but de recruter environ 2 000 Cubains hostiles à Castro, de les entraîner, puis de les débarquer sur l'île pour y commettre des actes de sabotage, Kennedy demande à Landsdale de prendre la tête de l'opération Mangoose (Mangouste) qui travaillera au renversement du régime de La Havane. En décembre 1961, une équipe de sept saboteurs met le feu à un hangar qui abrite la récolte de canne à sucre, fait sauter un pont et dérailler un train. Une autre équipe empoisonne des marchandises européennes qui étaient destinées à Cuba. Le minerai de cuivre est transporté de Pinar del Rio au port de Santa Lucia au moyen d'une sorte de téléphérique. La CIA tente en vain de couper la ligne. Elle persuade des industriels allemands et britanniques de livrer aux Cubains des matériels défectueux. À un expert canadien qui conseille les Cubains sur l'élevage de dindes, elle verse 5 000 dollars afin qu'il contamine les volailles, et 800 d'entre elles meurent sans qu'on puisse déterminer avec certitude les causes de l'hécatombe. Des groupuscules naissent soudain pour une action unique et disparaissent à jamais, mais ils sont tous des émanations de l'Agence. Un aide mémoire prévoit la destruction des récoltes par le feu, par des produits chimiques, par l'incendie des boîtes en canons et des sacs."
En 1963, la tactique change. "Les sabotages, décidément inefficaces, ne sont plus à l'ordre du jour. Il faut à présent créer et consolider une résistance clandestine à Castro. Des agents cubains sont infiltrés sur le territoire cubain. Ils disposent d'argent, d'armes, de matériels.
Le 19 juin 1963, le président Kennedy donne son accord pour un nouveau plan de sabotage. Cette fois-ci, il s'agit de provoquer des émeutes, Pour cela, les saboteurs détruiront ou endommageront des usines de production électrique, des raffineries de pétrole, des centres de communication. Des conseillers militaires entraineront les saboteurs au maniement des explosifs. À la fin d'octobre, 13 objectifs sont définis. Ils devraient être visés dans les trois mois suivants. (...)
Le calendrier des événements a été répété à satiété. Le 16 octobre 1962 à 9 heures, McGeorge Bundy annonce au président Kennedy qu'un avion espion de la CIA, un U2, a photographié les rampes de lancement que les Soviétiques construisent près de San Cristobal, dans la partie occidentale de Cuba. La crise commence. "Pour Kennedy, observe Michel Tatu, le défi ne peut rester sans réponse". Le secret est bien gardé. D'autres vols de reconnaissance sont décidés, qui confirmeront la découverte et démontreront l'ampleur des constructions en cours. (...)
Sur un point capital, le consensus est immédiat. L'URSS disposera bientôt, à proximité du territoire américain, de missiles à moyenne portée, des MRBM qui frappent jusqu'à 1800 km, et de missiles à portée intermédiaire, des IRBM, qui atteignent leurs cibles jusqu'à 3 500 km. C'est dire qu'une grande partie des États-Unis se trouvera placée sous le feu de ces engins, par exemple Miami, Dallas, Memphis, Richmond, Norfolk, voire Saint-Louis et Cincinnati. (...)
Pendant que l'Excomm poursuit ses débats, Kennedy prononce, de ville en ville, des discours destinés à aider les candidats démocrates aux élections législatives, reçoit Andrei Gromyko, le ministre soviétique des Affaires étrangères, qui lui parle de Berlin et jure ses grands dieux que les Soviétiques n'ont à Cuba que des intentions défensives.
Il sait toutefois, heure par heure ou presque, où en sont les discussions de l'Excomm. Samedi matin, le 20 octobre, Robert appelle John à Chicago et lui annonce que l'Excomm est prêt à lui faire des propositions. Le président annule ses rendez-vous et ses réunions, parce qu'il souffre, dit-il, d'un rhume. Le vice-président donne la même raison pour quitter précipitamment Hawaï. Et tous se retrouvent à Washington dans l'après-midi. Rusk, McNamara, Robert Kennedy et Johnson penchent pour le blocus-quarantaine. Bundy et Taylor défendent l'attaque aérienne, tandis qu'Acheson, autre champion d'une attitude dure et désespérant de convaincre le président, a quitté Washington. Au sein de l'Excomm, le blocus recueille 11 voix, le bombardement 6 voix. C'est à Kennedy de trancher. Il décide de recourir à la quarantaine et de prononcer un discours à la télévision le lundi 22 octobre. (...) Tous les bateaux de n'importe quel pays ou de n'importe quel port devront rebrousser chemin, s'il est établi qu'ils contiennent des cargaisons d'armes offensives ". Si Cuba poursuivait des préparatifs offensifs, "des mesures nouvelles seraient justifiées". Le renforcement de la base de Guantanamo, la réunion de l'OAS, la convocation du Conseil de sécurité de l'ONU accompagnent les mesures que le président vient de prendre. (...)
La semaine du 22 au 28 est particulièrement dramatique. Le 24 à 10 heures, la quarantaine entre en vigueur. Une demi-heure plus tard, tout est possible à 800 km des côtes cubaines. D'un côté, une flotte américaine qui comprend 16 destroyers, 3 croiseurs, un porte-avions, 150 bâtiments de soutien; de l'autre, 25 cargos soviétiques ou affrétés par les Soviétiques qui font route vers Cuba. Le moindre faux pas des uns ou des autres peut déclencher des tirs qui dégénéreront en une guerre nucléaire. La planète retient son souffle, et plus encore Kennedy et ses conseillers qui suivent, minute après minute, le déroulement des opérations. Au moment où la tension atteint son apogée, où l'affrontement paraît inévitable, les bateaux soviétiques stoppent leurs machines.
Un signe incontestable de bonne volonté. En contrepartie, les Américains ne les fouillent pas et se contentent de rester en vue, puis, quand les cargos rebroussent chemin, de les suivre. La quarantaine a été appliquée."
La crise s'achève lorsque Khrouchtchev propose de céder contre le retrait des fusées américaines de Turquie ; Kennedy obtempère tout en ne faisant pas la publicité du retrait.  Le président américain triomphe mais le monde est passé très près du cataclysme nucléaire. 
D'après André Kaspi, Les 1000 jours d'un président, Kennedy, Armand Colin

SUEZ 56 VIETNAM
BUDAPEST 56 MAC CARTHYSME
CUBA 1959