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Munich
d'après un article d'Elisabeth du Réau paru dans l'Histoire (218-février 98)
Le 29 septembre 1938, lorsque débute la conférence de Munich, l'Europe se prépare à la guerre. Hitler revendique alors une partie de la Tchécoslovaquie : les Sudètes. Chamberlain, Daladier vont pourtant céder au führer. La Tchécoslovaquie est alors alliée de la France. Elle lui a promis son aide en cas d'agression.
La position de Daladier au mois d'avril n'est pas favorable à l'apaisement : "Si la France et la Grande-Bretagne continuent de s'incliner devant la violence, si l'esprit politique qui leur est commun est inspiré par la faiblesse, elles ne feront que précipiter de nouveaux appels à la force et en préparer le succès" déclare-t-il en Angleterre.
La crise des Sudètes débute le 11 septembre lorsqu'Hitler déclare ses prétentions sur la région, présentée à Berchtesgaden au premier ministre anglais le 15 septembre. Les 22 et 23 septembre, à Bad Godesberg, le chef d'Etat allemand se montre encore plus décidé .
Des membres du cabinet anglais se divisent sur l'attitude à adopter tandis qu'une majorité au gouvernement français se dégage en faveur d'un front de résistance. Le ministre des affaires étrangères Georges Bonnet prend la tête de ceux qui défendent la paix, opinion majoritaire.
La conférence a lieu à la Führerhaus, un palais à la gloire d'Hitler. Mussolini et Hitler se sont rencontrés quelques temps plus tôt. Daladier se sent vite déboussolé par l'attitude distante de Chamberlain. Il décrit ainsi Hitler : "une mèche tombant sur le front, le visage dur et fermé, le geste saccadé, la voix rauque".
Mussolini propose ensuite un texte de compromis qui suggère l'organisation d'un plébiscite. Après une pause demandée par les Français pour réfléchir (durant laquelle il n'y eut point de contacts avec les Anglais), les Français acceptent une partie du projet. Les Allemands veulent faire évacuer les districts à majorité allemande en Tchécoslovaquie ; Chamberlain se borne à défendre les intérêts économiques anglais.
A 1h30, les accords sont signés. Daladier paraphe le texte sans se faire d'illusions : "J'avais vu Hitler -dit-il. Il répondait exactement à l'idée que je m'en faisais. C'était un homme décidé à tout. Il ne reculerait devant rien."
L'accord comprend les plébiscites et la cession d'importants territoires entre le premier et le dix octobre. Après la signature, les Tchèques sont introduits dans la salle : "Cela ressemblait à une lecture de verdict de tribunal, rapporte Daladier. Chamberlain fit une brève allocution, s'efforça d'expliquer les termes de l'accord. Les Tchèques furent dignes, mais Mastny (le représentant tchèque) ne put retenir quelques larmes...".
Les firmes industrielles les plus dynamiques se trouvent dans la zone cédée.
Chamberlain se fait acclamer à son retour à Londres en déclarant "It is peace for our time". Il avait entre temps conclu un accord de non-agression avec les Allemands. Daladier chuchote au Bourget où la foule est nombreuse et heureuse pour l'accueillir un mémorable : "Ah les cons, s'ils savaient !...".
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