minorites aux Etats-Unis

 

Extraits du Nouvel Observateur/ juillet-août 1998

(...) 3 400 000 Latinos , 900 000 Asiatiques, autant de Blacks, près de 60 minorités représentées, plus de 100 dialectes parlés. Los Angeles (9,3 millions d'habitants dans le comté), la capitale d'un Etat résolument multiethnique , affiche sans complexes ses couleurs et ses différences. (...) Simple routine : la Cité des Anges se flatte de naturaliser chaque année à elle seule 200 000 étrangers. Deux fois plus que la France.

(...) " Can we get along ? " (" Sommes-nous capables de nous entendre ? "), interrogeait anxieusement l'Afro-Américain Rodney King, sauvagement tabassé par la police de Los Angeles en 1991. Six ans après les sanglantes émeutes déclenchées par ce quasi-lynchage, les Angelinos semblent réconciliés. "La Californie a été mexicaine avant d'être américaine. La culture hispanique est inhérente à l'État, et les Mexicains-Américains ont le sentiment d'avoir un droit historique à travailler ici. Quant aux Asiatiques, appelés à la construction des premières lignes de chemin de fer, au lendemain de la ruée vers l'or, leur capacité d'intégration est exceptionnelle. Avec 9% de la population, ils comptent proportionnellement un nombre d'étudiants largement supérieur à celui de la communauté blanche", explique le sociologue-écrivain Joel Kotkin, en retournant les saucisses du barbecue qu'il a organisé pour la fête de l'Indépendance. "Cette société métissée a créé une culture où l'éthique du travail, l'implication sont aussi importantes que la qualification. Avec l'expansion soutenue que nous connaissons, le "can do feeling" (sentiment que chacun peut réussir) est devenu une valeur commune". 

Quartier noir

(...) "En 1994, quand Pete Wilson, gouverneur républicain de l'État, a délibérément spéculé sur la peur suscitée par les immigrants illégaux - environ un million - pour mobiliser les nativistes (fédération de l'extrême-droite, des "petits Blancs " et de la Coalition chrétienne) en prétendant interdire aux clandestins et à leurs enfants l'accès aux services sociaux de l'Etat, il a baptisé son initiative Save Our State". (...) Relayé par les habitants du comté d'Orange, bastion de la droite la plus conservatrice, Save Our State a fait l'objet d'un référendum (proposition 187) et a été adopté par 59% des Californiens.

(...) La seconde offensive de Pete Wilson, en 1996, visait à démanteler l'" affirmative action ". Elle fut instituée pour permettre aux étudiants noirs, latinos et asiatiques de forcer les portes de l'université. Les Républicains continuent pourtant d'utiliser l'immigration et les mutations qu'elle entraîne comme un enjeu électoral. En juin dernier, les électeurs de Golden State ont approuvé à 61 % la proposition 227 abolissant trente ans d'éducation bilingue.Les démographes sont formels : dans cinquante ans, la communauté blanche d'origine européenne sera minoritaire aux États-Unis. 

(...) Au chaudron (melting pot) qui postule la fusion, Clinton oppose une " société arc-en-ciel ". 

J.G. Fredet


 


L'exemple des Hispaniques

Latinos are changing the way the country looks, feels and thinks, eats, dances and votes.
From teeming immigrant meccas to small-town America, they are lifting churches, building businesses and celebrating their Latin heritage.
In a special Newsweek Poil, 83% said being Hispanic was important to their identity. They are overwhelmingly Roman Catholic; 42% go to church once a week. They've become a putent, increasingly unpredictable political force:
37% of18- tu 34-year-old Latinos say they are independant, about twice as many as their Hispanic elders. In America, a country that constantly redefines itself, the rise of Latinos also raises questions about race, identity and culture- and whether the United States will ever truly be one nation.
Trie numbers couldn't be clearer. Fueled by massive (and mostly legal) immigration and high birthrates, the Latino population has grown 38 % since 1990 - to 31 million - while the overall population has grown just 9%. And with more than a third of the Latino population still under 18, the boom is just beginning. By the year 2005, Latinos are projected to be the largest minority in the country, passing non-Hispanic blacks for the first time. By 2050, nearly one quarter of the population will be Latino.
"Trie (African-American) civil-rights slogan was "we shall overcome" says Christy Haubegger, the 30-year-old founding editor of the bilingual magazine Latina. "Ours is going to be "we shall overwhelm."
They may just have the muscle to back that up - particularly in politics. Though they accounted for only 6% of those who voted in the 1998 midterm elections, Hispanics are clustered in 11 key states, with a total of 217 out of the 270 Electoral College votes needed for the presidency. And neither party has a teck on this new force. "Latinos are the soccer moms of the year 2000" says Gregory Rodriguez of the New America Foundation.
Extraits de Newsweek (Brook Larmer) (été 99)

Hispaniques


Les minorités aux États-Unis
éléments de réflexion d'après Géographie Universelle (Dorel-Bailly)

La croissance de la population des États-Unis a été spectaculaire à partir du siècle dernier puisque le pays n'avait que 3,9 millions d'habitants en 1790 et 270 millions aujourd'hui.
Le pays s'est constitué par grandes vagues migratoires : entre 1820 et 1985, 55 millions d'immigrants se sont installés sur le sol américain. L'Amérique n'a pas toujours été également accueillante durant son histoire. Au système des quotas utilisés dans les années 20 est aujourd'hui préféré un système de limitation du nombre total d'immigrants.
Depuis les années 60, les migrations sont majoritairement en provenance d'Amérique latine et de l'Asie.
Les immigrants se sont pour la plupart arrêtés dans les villes : "Les nouveaux arrivés, issus des classes défavorisées, se regroupent dans certains quartiers, voire des ghettos, où ils bénéficient de l'environnement fourni par leur communauté ethnique (...)".
Les immigrants asiatiques se sont regroupés sur la côte Ouest : 70 % des immigrants d'origine japonaise se trouvent en Californie et à Hawaï et plus de la moitié des Chinois sont en Californie et à New-York.
L'intégration des communautés varie. L'assimilation linguistique est un signe de la réussite de l'intégration. Seuls les Hispaniques résistent. Les difficultés tiennent aussi au refus de se mouler dans un American way of life qui ressemble beaucoup à celui des WASPS (White Anglo-Saxons Puritans), les premiers immigrants.
La communauté asiatique (dont on pense qu'elle atteindra 12 millions de résidents en l'an 2000) joue un rôle grandissant du fait qu'elle a beaucoup investi dans l'éducation des enfants, qu'elle respecte l'ordre établi et a à sa tête une élite exemplaire. En revanche, une bonne partie de la communauté noire et hispanique vit sous le seuil de pauvreté et critique la domination blanche. La répartition par quartiers à domination ethnique pose par exemple le problème des mélanges raciaux au sein des écoles. La criminalité s'est aussi développée : "Detroit est la municipalité à laquelle revient la palme du plus fort taux d'homicide par habitant : c'est une ville que les classes aisées ont désertée, laissant la place aux immigrants pauvres, surtout noirs". La participation à la vie politique est faible dans ces minorités.
Noirs mais aussi Amérindiens participent à la critique du Melting Pot. Portoricains et Mexicains continuent de parler leur langue malgré les tentatives pour limiter leur usage officiel en Californie.