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C'est le plus grand de tous les amphithéâtres romains. Sa taille : 527 mètres de circonférence, 188 dans le grand axe et 156 dans le petit ; la hauteur de la façade est de 48,50 mètres. Le spectateur se rendait dans les gradins suivant le numéro de son jeton ou restait debout. Certaines loges étaient réservées à l'Empereur. L'amphithéâtre était d'une contenance de 50 000 personnes. Il ne reste que les murs des gradins.
Les spectacles dans le Colisée étaient sanglants : batailles de gladiateurs qui venaient saluer les Césars par la célèbre formule "Ave Caesar, morituri te salutant". L'inauguration du Colisée donna lieu à des épreuves fantastiques qui firent 2 000 morts parmi les gladiateurs (époque de Titus, 80). Les spectacles étaient sinon des venationes ou chasseurs de bêtes sauvages ; des naumachies ou spectacles nautiques et combats navals pour lesquels l'arène était inondée.
Lu dans Roger Hanoune et John Scheid, nos ancêtres les Romains
La deuxième satire du poète Juvénal (vers 100 après J.C.) caricature les femmes de Rome. En stigmatisant leur admiration excessive des acteurs, danseurs, musiciens et gladiateurs, il décrit le milieu des artistes et des sportifs. Leur conduite est choquante car elles se pâment devant des individus considérés comme la lie de la société.
Est-ce nos portiques quon te montrera une femme digne telle que tu la souhaites ? Tous les gradins de nos théâtres ten offrent-ils une seule que tu puisses aimer sans crainte et choisir en un tel endroit ? Quand, avec des gestes lascifs, Bathylle se met à danser la Léda. Tuccia nest plus maîtresse de ses sens ; Apula exhale soudain de longs soupirs plaintifs, comme dans létreinte ; Thymélé est muette dattention : comme si elle était novice encore, Thymélé fait son éducation. Mais pendant la saison où le rideau empaqueté a cessé de fonctionner, où, le théâtre étant vide et clos, seul retentit le forum, dans lintervalle qui sépare les jeux mégalésiens des jeux plébéiens, il en est dautres de nos femmes qui, mélancoliques, veulent manier le masque, le thyrse, le caleçon dAccius. Urbicus, dans un exode, déchaîne les rires en faisant les gestes dune Autonoé dAtella. Cest lui quadore Aelia, mais elle na pas dargent. Il en faut pour ouvrir la fibule dun comédien !
Mariée à un sénateur, Eppia a accompagné une école de gladiateurs jusquà Pharos, jusquau Nil, jusquaux remparts mal famés de Lagus. Canope même condamnait la monstruosité des moeurs romaines. Quant à elle, oublieuse de sa maison, de son mari, de sa soeur, elle ne garde pas non plus le moindre souci de sa patrie ; elle abandonne ses enfants en pleur, la scélérate, et, chose plus stupéfiante encore, elle renonce à Pâris et aux jeux du cirque. Dès son enfance, elle avait dormi, au milieu de lopulence paternelle, dans la plume dun berceau passementé dor, et pourtant elle brava la mer comme elle avait bravé lhonneur, dont le sacrifice ne coûte guère à ces habituées des moelleux fauteuils. Elle affronte dun coeur intrépide les flots tyrrhéniens, les ondes ioniennes au loin retentissantes, toutes ces mers quil lui faut successivement traverser. Si les femmes doivent sexposer pour une juste cause, elles ont peur, elles se sentent glacées deffroi, leurs jambes flageolent et se dérobent sous elles. Elles nont dénergie que pour leurs impudences. Quil est dur de sembarquer, quand cest un époux qui lordonne ! Lodeur de la sentine incommode, on sent tout tourner autour de soi. Mais quand on sent un galant, lestomac tient bon. Un mari, on vomit dessus ; avec un amant, on mange au milieu des matelots, on circule sur la poupe, on samuse à manier les rudes cordages. Quels sont donc les charmes qui enflamment Eppia de la sorte ? Quelle jeunesse la fascine ainsi ? Qua-t-elle vu pour supporter dêtre appelée la gladiatrice ? Voici : Sergolius avait déjà commencé à se raser le menton, et son bras tout tailladé lui laissait espérer sa retraite ; sa figure était enlaidie par plus dune misère -grosse bosse au milieu du nez, toute meurtrie par le casque ; âcre humeur découlant continuellement dun de ses yeux - mais cest un gladiateur ! Cela suffit à les muer en Hyacinthes, à leur donner le pas sur des enfants, sur une patrie, sur une soeur, sur un mari. Cest le fer quelles aiment !
Extraits de lâme romaine par Pierre Grimal. Lauteur fait dialoguer le futur Marc-Aurèle et son précepteur le philosophe Fronton
-Marcus, répondit Fronton, tu parles comme u enfant. Je ne te le reproche pas, puisque je suis là pour t'apprendre à penser et parler comme un homme. Tu n'aimes pas les jeux de l'arène, où des gladiateurs combattent jusqu'à la mort. Je ne les aime pas plus que toi, pas plus que je n'aime les maladies, les accidents, les naufrages, et tout ce qui est cause de mort. Les Romains, dis-tu, se plaisent à voir des êtres vivants combattre et mourir sous leurs yeux, s'élancer les uns contre les autres et chercher à tuer leur adversaire, que ce soient des taureaux, des lions, ou, plus simplement, des coqs. Crois bien que cela ne me plaît guère, à moi non plus, mais il est des coutumes que l'on est bien obligé d'accepter. Une fois qu'elles sont établies, on ne peut rien contre elles. Les interdire reviendrait à déchirer la cité.
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