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Une messe de requiem est donnée les 3 et 4 septembre 1715 en présence de Louis XV qui est alors âgé de 5 ans, du Régent et des princes et princesses de toute la cour, dans la chapelle de Versailles pour se recueillir après la mort de Louis XIV. Louis est ensuite emmené à Vincennes où l'air est salubre. Puis dès la fin de ce mois, la cour retourne à Paris, aux Tuileries.

Du vivant de Louis XIV, le Dauphin s'était marié en 1680 avec Marie Anne de Bavière : son fils aîné, le duc de Bourgogne né en 1682 épousa Marie-Adélaïde de Savoie en 1697. En 1704, Marie-Adélaïde est enceinte d'un premier enfant qui décède rapidement puis d'un second qui naît en 1707 (le duc de Bretagne) et d'un troisième le 15 février 1710 à 8 heures (le duc d'Anjou). Le Dauphin décède en 1711 de la petite vérole : Bourgogne et Marie-Adélaïde deviennent Dauphin et Dauphine. Mais le sort s'acharne sur la famille royale : en 1712, le couple est emporté par la rougeole. Les enfants ont contracté la même maladie. Les médecins font saignées sur saignées au pauvre duc de Bretagne qui rejoint ses parents, achevé par des pratiques médicales néfastes. Madame de Ventadour sauve le futur Louis XV en le protégeant.

Louis XV passe donc une enfance orpheline, entouré de femmes, sans frères ni soeurs. Ses proches vivent dans l'angoisse de la moindre maladie. L'abbé Pérot apprend au jeune roi à lire et écrire et lui inculque ses premières leçons d'histoire et de géographie. Madame de Ventadour informe régulièrement Madame de Maintenon des progrès de l'enfant et rassure la gouvernante : "ne prétendez nous le rendre ni beau ni spirituel : rendez le nous sain ; c'est tout ce qu'on veut". En 1715, Louis XIV autorise le Dauphin à participer à quelques activités de la vie du roi : le jeudi saint 18 avril, le Dauphin assiste le roi dans la célébration de la Cène où le roi lave les pieds de treize pauvres ; également lors de la venue de l'ambassadeur de Perse.

Louis est décrit comme un bel enfant, doté d'une certaine culture acquise en histoire et géographie. Il adore Louis XIV qu'il appelle "son cher papa roi". La solitude le pèse en certaines circonstances ; elle est consolée par la tendre Madame de Ventadour. Fin août 1714, se sentant faiblir, Louis XIV fait venir son arrière petit-fils et lui recommande de moins faire la guerre et d'être un prince pacifique, voué au bonheur de son peuple. En sortant, Louis est en larmes.

Après la mort de son aïeul, il devient roi et participe avec le Régent à certaines actions dont un Lit de justice tandis que Rigaud entreprend son portrait. Aux Tuileries, Louis assiste à une messe quotidienne ; se livre aux rituels du métier de roi et aux politesses nécessaires. Un jour de septembre 1716, lassé par ces activités répétitives et peu intéressantes, il se met en colère et refuse de se soumettre aux cérémonies. Louis trouve enfin un compagnon de jeu en la personne du fils d'un savetier de Versailles. Pendant l'été 1716, il a même comme compagnon un jeune iroquois. Il est cependant toujours par moments en proie à la mélancolie.

Pendant cette période de son enfance, Louis visite avec son instituteur les grands lieux de Paris : au Louvre pour y voir les plans en relief des villes fortes du royaume ; au Jardin des plantes ; à l'Observatoire. À l'âge de sept ans, il est pris en charge par le maréchal de Villeroy et par un précepteur le Marquis de Fleury, ancien évêque de Fréjus. La séparation avec Madame de Ventadour est très douloureuse, Louis refuse de manger le jour de ses sept ans, il faut le retour de sa "maman" pour le voir accepter d'avaler un peu de son dîner. Villeroy, qui avait été un compagnon de Louis XIV, apprend au roi comment se tenir, reste auprès de lui lors des messes, des promenades, des temps d'études. Au printemps 1717, la visite du Tsar est l'occasion de se divertir. Cet homme rude est séduit par la grâce de Louis et le prend sur ses genoux.

Villleroy trouve pour Louis des compagnons plus adaptés à son rang. Ils jouent ensemble à l'anneau tournant et au volant, il tire aussi des pétards et de petites fusées. En 1720, lors de son anniversaire, Louis participe à un ballet dansé en public. Il y danse maladroitement plusieurs entrées. Par la suite, le roi ne se montre pas un grand danseur. En revanche, il goûte à la chasse au faucon, monte sur un cheval pour la première fois le 8 mai 1720, apprend à tirer en visant une cible placée sur la terrasse des Tuileries. Le 21 juillet, à la Muette, il tue trois lapins. Louis est un sportif, un enfant assez robuste pour faire du volant et jouer au jeu de paume. En septembre 1721, il participe à sa première chasse à courre.

Avec Fleury, Louis se montre un élève studieux, doué en latin. L'enseignement de l'évêque est très imprégné de religiosité et de morale. Il accumule les versions latines en prenant pour support des textes sur la vie de Saint Louis, modèle pour le roi. Au printemps 1719, il commence à apprendre l'italien. M de Fréjus met en outre à la disposition du jeune roi un Abrégé d'histoire de France. L'abbé de Longuerue, un érudit de l'époque, participe à l'apprentissage du roi. Louis est surtout un véritable passionné de géographie, initié à la cartographie par Delisle. Ses visites pédagogiques se poursuivent : aux Invalides ; Louis XV se rend aussi dans le cabinet de Bercy pour voir fondre des Louis d'or.

Il prend connaissance des changements de ministres quand ces derniers se présentent pour prêter serment et entend parler de Law. Il entre au Conseil comme spectateur à l'âge de 10 ans, en 1720 au moment où la peste sévit à Marseille et où la Bretagne se remet d'une conspiration. À la fin du mois de juillet, un malaise survenu dans une l'église fait craindre le pire, la guérison est accueillie par la ferveur populaire. Les Te Deum sont chantés dans Paris. 1720 est aussi l'année où Fleury renforce les études du roi matin et après midi. Le contenu est toujours fortement religieux et classique. Le roi aborde de nouvelles disciplines comme l'anatomie et la chirurgie avec l'aide de La Peyronie. Il assiste enfin à des représentations théâtrales où Molière est souvent donné.

Un projet d'alliance est proposé par Philippe V, le roi d'Espagne, qui demande en mariage pour son fils aîné l'une des filles du Régent en échange du mariage du roi de France avec l'infante Marie Anne Victoire, âgée de deux ans en 1721. Louis n'est pas réjoui par ce choix, il arrive au Conseil les yeux rougis après une longue conversation avec Fleury. L'arrivée de l'infante en 1722 est tout aussi dramatique puisque l'enfant est confiée à Madame de Ventadour et isolée de sa famille. Au Louvre, Louis XV lui offre une poupée comme consolation.

Fleury, souffrant et vieillissant, est remplacé par un jésuite : l'abbé de Linières. Le roi continue de voir Madame de Ventadour pour laquelle il éprouve toujours autant de tendresse ; il est très malheureux d'apprendre un jour la mort de son époux alors que le couple a sombré depuis longtemps. La mère du Régent et le Régent lui-même séduisent le jeune roi sur le tard. Lorsque le fils du Régent a la petite vérole, le duc d'Orléans éloigne la cour du roi pour éviter la contagion. Louis a aussi pour ami à cette époque le comte de Clermont avec lequel il chasse. Il se sent déjà le roi comme en témoigne cet épisode pendant lequel il gifle un courtisan qui se montre trop familier. Villeroy lui demande alors de s'excuser ce que le roi se force à faire. L'attitude de son précepteur est à ce moment de plus en plus critiquée. Louis est toujours décrit comme taciturne, il ne parle pas beaucoup.

En juin 1722, le roi et l'lnfante-Reine reviennent à Versailles. Villeroy est chassé par le Régent dans une scène mémorable et théâtrale. Il est reconduit à son château par des mousquetaires dont D'Artagnan avant de terminer sa retraite dans la région de Lyon. Le Régent et Dubois entretiennent directement le roi des affaires du royaume. Une éducation militaire est aussi donnée. On fait construire un fort à Montreuil pour simuler une attaque de siège avec canon et bombes en carton, espions capturés et pendus. C'est aussi en 1722 que le roi est sacré à Reims lors d'une fastueuse cérémonie qui s'achève à Paris par des fêtes pendant deux jours où sont consommées à Villers-Cotterêts 29 045 pièces de volailles et de gibiers. Le mardi 16 février 1723, à 13 ans, le roi est majeur.

D'après Michel Antoine, Louis XV, Pluriel.