HISTOIRE-GÉOGRAPHIE SUR LE WEB

LA PRESSE AUX ÉTATS-UNIS DANS LES ANNÉES 20

La société médiatique dans laquelle nous sommes entrés a pris son véritable essor dans les années trente lorsque les media se multiplient et deviennent de plus en plus puissants., en particulier aux États-Unis.

Le journal quotidien est une institution aux Etats-Unis d'Amérique dès les années 20. Déposée le matin devant la porte du lecteur ou achetée sur la route du travail, la presse est lue par de plus en plus d'Américains. Elle se regroupe autour de gros titres à l'instar de la concentration des industries américaines, situation qui nuit à sa diversité. De véritables empires se fondent : Scripps-Howard, Munsey, Hearst... Une famille américaine sur quatre achète par exemple un journal du groupe de Hearst.
Les
tabloïds naissent durant cette période. En juin 1919 arrive sur le marché un nouveau quotidien de New-York. Il se nomme l'Illustrated Daily News puis plus simplement le Daily News. Le journal est riche en photos et montre des personnalités, des cadavres, des femmes peu vêtues. Le Daily News connaît presque immédiatement le succès et tire très vite à plus d'un demi-million d'exemplaires avant de dépasser le million en 1930. Hearst suit en lançant le New York Daily Mirror.
Les
magazines aussi se multiplient. En 1923, Henry Luce et Briton Hadden fondent le Time, exemple imité par la suite.

Citizen Kane

Le personnage de Kane dans le film d'Orson Wells Citizen Kane (1941) a sans doute été inspiré par le magnat de la presse Hearst.

La presse vit très largement de la publicité qui se développe en même temps que la société de consommation. Les recettes d'un journal proviennent, pour la moitié, des annonces en 1909 et pour 64 % en 1927. La publicité influence de plus en plus les comportements des consommateurs, donc des Américains.
Le
contenu des quotidiens réserve une place importante à la politique nationale (l'Associated press révèle qu'en 1929 sur 2,5 millions de mots, 95 % concernent des nouvelles sur les États-Unis) ; seconde place à des sections spécialisées telles les mots croisés ; les grands reportages sont enfin copieux.

Voici, par exemple, les aventures de Floyd Collins. Ce jeune homme du Kentucky a eu l'idée d'explorer une grotte. Non pas pour répondre à la curiosité scientifique de ses contemporains, mais pour découvrir un passage pittoresque, un nouveau haut lieu du tourisme populaire qui attirera la foule et des dollars. Collins n'a pas de chance. Dans un boyau particulièrement étroit, à 40 mètres de profondeur, il est victime d'un éboulement et son pied reste bloqué sous une énorme pierre. Ses amis s'inquiètent et cherchent en vain un moyen pour le tirer de là. Un journaliste du Louisville Courier-Journal apprend la nouvelle. Comme il est petit, agile et entreprenant, il se glisse dans la grotte et s'en va interviewer Collins. Mission accomplie. Ses articles plaisent aux lecteurs du Kentucky.
Son directeur lui en demande d'autres. Des confrères sont à leur tour alertés et se rendent, eux aussi, sur les lieux. Ils viennent du Kentucky et d'autres États. Le fait divers est maintenant national. Les curieux affluent, dressent des tentes à proximité de l'entrée de la grotte et la garde nationale, baïonnette au canon, installe des fils de fer barbelés, assure le maintien de l'ordre et protège la tenue d'un spectacle que personne ne peut vraiment voir. Pendant ce temps, le malheureux Collins se bat contre la mort. Ses sauveteurs ne parviennent toujours pas à le dégager. Et tous les directeurs de journaux réclament, à grands coups de téléphone, des « papiers» qu'ils publient en première page. Le dix-huitième jour, Collins meurt. Le New York Times l'annonce en gros titres sans ménager la sensibilité de ses lecteurs : « Floyd Collins découvert mort dans la grotte le dix-huitième jour a cessé de vivre depuis au moins vingt-quatre heures ; le pied doit être amputé pour dégager le corps. »

Les enquêtes policières et les procès fournissent aussi la matière à des "papiers". D'autres enquêtes ont pour sujet la société américaine : par exemple, les conditions de détentions des prévenus américains ou la pauvreté.


La première émission de radio émet d'East Pittsburgh le 2 novembre 1920. Dès 1922, le succès est là. Le recensement de 1930 révèle que 12 millions de familles possèdent un poste. Toutes les radios sont des entreprises privées. Les programmes doivent plaire au plus grand nombre et donc distraire pour que les annonceurs achètent des temps d'antenne et assurent la rentabilité de la station. Un historien écrit à propos du développement de ce media dans les foyers américains : "Ce qu'on apporte dans leur foyer aux Américains à toute heure de la journée, ce sont des concerts et des distractions qui vont du vaudeville à la symphonie classique, le tout au frais de ceux qui veulent vendre du dentifrice, des pastilles contre la toux, du café, des tapis, du ginger ale, des matelas, des assurances sur la vie, des machines à écrire, de l'essence, etc."
La radio diffuse en matière de musique, du jazz, du classique, des opérettes. Le monde politique s'empare de ce moyen de s'adresser au peuple américain. En 1924, la retransmission des débats aux conventions nationales des partis est un grand événement. Avec Franklin Roosevelt, la radio devient un vrai moyen de convaincre.


Les États-Unis vont très vite devenir la première puissance cinématographique au monde. En 1931, ils comptent 22 731 salles, qui offrent 11 millions de places. 90 à 100 millions d'entrées sont enregistrées contre 50 en 1926 et 40 en 1922. Le parlant fait son apparition en 1926 et l'année suivante sort le premier grand film doté de cette nouveauté : Le chanteur de jazz avec Al Jolson produit par la Warner. Les quatre gros producteurs qui dominent le marché se nomment Zukor, Marcus Loew, William Fox, Carl Laemmle. De grands films vont être montrés sur les écrans durant cette période : Rudolph Valentino joue par exemple les charmeurs dans Les quatre cavaliers de l'Apocalypse que la Metro Goldwin Mayer a produit en 1921. Chaplin tourne Une vie de chien en 1918, La ruée vers l'or en 1925, Le gosse en 1920, Les lumières de la ville en 1930. Le dessin animé naît dans les années 20. Les comiques s'appellent aussi Buster Keaton, Harold Lloyd, WC Field.

 

D'après André Kaspi, Les Etats-Unis au temps de la prospérité, Hachette