HISTOIRE GÉOGRAPHIE SUR LE WEB

Jeanne d'Arc, portrait

Jeanne est née en Lorraine, dans la châtellenie de Vauvouleurs, à Domrémy. Son village se trouve à la frontière tracée par le traité de Verdun. Le sentiment national y est développé d’autant que Vaucouleurs demeure une des rares régions fidèles au Dauphin dans le nord de la France. Ses parents sont deux paysans aisés : Jacques d’Arc et d’Isabelle Romée. Il lui arrive de conduire le troupeau commun de moutons aux champs. Elle est instruite par sa mère en matière de religion et complète ses connaissances par l’écoute des sermons des mendiants en visite dans les campagnes. Elle se rend parfois à l’église voisine de Notre-Dame-de-Bermont pour prier. Elle est d’une piété extraordinaire (en particulier pour la vierge Marie) mais aussi influencée par les superstitions populaires : suspendre des couronnes aux branches de l’arbre aux fées par exemple. Elle ne sait -comme la plupart de ses compatriotes- ni lire ni écrire.


Un jour de 1425, alors qu’elle rêve au milieu de ses moutons, à l’âge de treize ans, elle entend des voix qui lui commandent d’aller sauver le dauphin Charles, fils de Charles VI et d’Isabeau de Bavière. Elle s’adresse à Baudricourt, capitaine de Vaucouleurs qui ne veut pas la prendre au sérieux. Mais en février 1429, Domrémy est attaquée par les Anglais et Baudricourt accepte de lui fournir un équipement et une escorte. En passant par Nancy, elle se dirige vers Chinon, en Touraine, pour rendre visite au dauphin dans le château royal. Elle y arrive le 4 mars et elle est présentée au dauphin le 6 : en larmes, elle prétend vouloir l’accompagner jusqu’à sa consécration.


La cour du roi est sceptique. Nous sommes alors à une époque où le mysticisme incarné dans des femmes est le plus souvent rejeté par l’Eglise. Des experts vérifient la virginité de Jeanne ; des théologiens la pureté de sa foi (ces épisodes se déroulent à Poitiers). Les théologiens veulent un signe ; Jeanne répond : " En nom Dieu, je ne suis pas venue à Poitiers pour faire signe. Mais conduisez-moi à Orléans je vous montrerais signe que je suis envoyée ". Elle reçoit une armure, des chevaux, une escorte, un étendard à la devise " Jésus Maria ". Elle est soutenue par des capitaines et des jeunes princes de la cour : le duc d’Alençon, Gilles de Rais, La Hire.


Le 29 avril 1429, voilà la Pucelle à Orléans (coeur du domaine des premiers Capétiens, tête de l’apanage du défunt prince Louis, chef des Armagnacs), accueillie par Dunois. Le roi fait d’elle un chef de guerre. Après des combats victorieux pour les Français, les Anglais lèvent le siège.
Les succès se multiplient ensuite : les Anglais renoncent à Jargeau, Meung, Beaugency, Patay tandis qu’ils perdent leurs capitaines Talbot, Salisbury, Suffolk, Falstolf tués ou prisonniers.
Jeanne remonte vers la Bourgogne avec son armée.
Le 17 juillet Charles VII est sacré avec une couronne de remplacement à Reims (la vraie est restée à Saint-Denis, en mains des Anglais). L’évêque de Beauvais, Cauchon, pair de France, manque au sacre, sa préférence est pour les Anglais. Jeanne est heureuse : " le gentil dauphin " est devenu pleinement roi ; il peut guérir les écrouelles à Corbeny.
Jeanne est en danger en terre de Bourgogne, ennemie déclarée du roi de France. Laon, Soissons, Château-Thierry, Compiègne sont néanmoins repris.


C’est devant Paris qu’elle échoue le 8 septembre 1429. Le 24 mai 1430, alors que Jeanne poursuit obstinément la guerre, sans le soutien de son roi, elle est arrêtée par les Bourguignons et vendue aux Anglais. Elle est emprisonnée au château de Rouen. Charles VII se refuse à payer la rançon. Il la sacrifie sur l’autel de la paix et des négociations au moment où elle s’enlise dans des combats sans gloire. Un procès s’ouvre à Rouen -où Cauchon s’est réfugié- sous l’accusation d’hérésie. Il est reproché à Jeanne de prétendre communiquer avec Dieu sans l’intermédiaire du clergé séculier. Entre le 20 février et le 15 mars, elle est interrogée. Ses voix ne l’abandonnent pas dans sa cellule. Ses dépositions lui sont relues. L’acte d’accusation n’est pour autant pas fidèle aux propos de la Pucelle. Le 23 mai l’Université de Paris accuse Jeanne d’être idolâtre, superstitieuse, schismatique et hérétique. Elle abjure sans que la torture n’ait été utilisée puis se rétracte. Pour Cauchon, Jeanne est relapse et remise au bras séculier. Cauchon fait ce qu’il faut pour satisfaire les Anglais et il craint –comme les autres juges français- celui qui dirige la place d’arme : Warwick. Elle est brûlée en place du marché le 31 mai 1430.


Entre 1450 et 1456, Charles VII initie le procès de réhabilitation de la Pucelle. Le roi ne peut devoir son trône à une sorcière. Les juges exploitent un vice de forme dans la procédure du premier procès : " le matin de son supplice, dans son cachot, Jeanne avait pu se confesser et avait reçu la communion, avec l’accord de Cauchon ; relapse et excommuniée, elle n’y avait pas droit ".
La légende de Jeanne prend forme ensuite : à Orléans et dans toute l’Europe, dès le XVe siècle.


D’après A.Demurger et G. Duby