HISTOIRE GÉOGRAPHIE SUR LE WEB
|
||||
Fougères (Bretagne Ouest)
Fougères est une ville forte construite sur un promontoire. Le château se trouve bizarrement en contrebas ; il est entouré par la rivière. L'énorme enceinte compte treize grandes tours. Le méandre a été aménagé pour que la rivière entoure la citadelle. Le château est relié à la ville haute par les remparts. En cas d'assauts réussis sur la ville, la garnison pouvait se retirer dans l'enceinte et la forteresse pouvait jouer son rôle de garde-frontière du duché de Bretagne. Le donjon n'existe plus : il a été rasé en 1166 par le roi d'Angleterre.
Les enceintes urbaines étaient au Moyen-Age souvent sommaires, affaiblies par les brèches et les poternes (porte donnant sur le fossé). Les maisons à l'extérieur des remparts rendaient l'approche plus facile. Il était donc important pour les villes menacées de colmater les ouvertures, d'apporter un soin particulier aux portes, de libérer des espaces. Au XIIIe siècle par exemple, les fossés sont compris entre 8 et 11 mètres de profondeur et entre 12 et 19 mètres de largeur, les courtines (mur entre deux bastions) ont entre 6 et 10 mètres de haut et, au niveau des chemins de ronde entre 1,20 et 2,10 mètres. Les plus grands progrès de cette période furent réalisés dans l'édification des châteaux. Les sites antérieurs sont parfois rasés, réutilisés ou non. Les créations furent au total plus importantes que les suppressions. Aux nombreuses forteresses des rois (plus de cent pour Philippe Auguste par exemple) s'ajoutaient celles des vassaux "jurables", quand ils leur avaient été remis contre serment, et "rendables" quand il fallait les céder à leur seigneur quand les circonstances militaires l'exigeaient. D'après Philippe Contamine, La guerre au Moyen-Age, puf. Le château en haut de la page est le château de Beynac (Périgord).
Les premières enceintes urbaines (920-1020) d'après Dominique Barthélémy (L'ordre seigneurial) La première grande vague de construction des châteaux commence en 920, bien après les invasions normandes. Ce sont les guerres privées qui conduisent à la construction de forteresses. Le droit de fortifier est alors entre les mains des autorités publiques. "Sur les 88 châteaux répertoriés par A. Debord en pays charentais, 12 seulement sont antérieurs à l'an mille et la majorité d'entre eux, jusqu'en 1020 est construite à l'initiative ou avec l'aval des comte, c'est-à-dire légalement ; ils sont placés dans les vallées, au coeur des zones d'habitat ou d'occupation anciens". D'anciennes ville ou vici sont transformées en châteaux (castrum ou castellum). L'enceinte est ovale et grande (une dizaine d'hectares). Les villageois peuvent s'y réfugier. Les mottes ou escarpements surmontés ou bordés de tours montrent la domination du comte. "On est à un stade internédiaire entre l'enceinte protohistorique et le château fort du XIIIe siècle purement seigneurial et qui isolera l'aristocratie du peuple". Terres et bois sont les matériaux les plus utilisés tandis que la pierre se répand. Le plus ancien donjon est celui de Langeais construit en 994. Les maisons sont souvent collées à l'enceinte. Le château est le lieu de rassemblements militaires et d'assemblées de paix. Il permet aussi aux paysans libres de venir pour participer à l'armée comtale. Les châteaux s'inscrivent le plus souvent dans le cadre hérité de l'époque carolingienne. Ils sont gardés par un agent du comte, un castellanus.
Un symbole de puissance par Danièle Alexandre-Bidon "Comme un gigantesque échiquier, les puissants du Moyen-Age ont disposé leurs pièces maîtresses : des tours, qui ponctuent régulièrement le paysage et se dressent, hautes et massives. Plus hauts sont les châteaux, mieux l'idée de domination sur la terre et les hommes va pénétrer l'esprit des humbles. On construit donc des forteresses au sommet de chaque éminence, de chaque pic volcanique, et là où une plaine n'offre pas de relief, on en créé un en élevant une motte artificielle de terre. Où qu'il se tourne, le paysan voit un château au loin. De chaque château on peut voir le suivant dans la maille du réseau qui organise le territoire. Et la trame est serrée : on compte un château tous les 20 à 30 km, parfois tous les 10 à 20 km".
Guillaume vient à la porte et à voix haute appelle le portier : Ouvre la porte, baisse le pont, hâte-toi, frère, je suis en grande détresse !.
|