D'après Marlis Steinert dans l'Histoire et la biographie de Ian Kershaw

Enfance

Hitler est né le 20 avril 1889 à 18h30 à Braunau-sur-Inn, petite localité frontalière entre l'Autriche et l'Allemagne. Sa mère, Klara, était la troisième femme d'un mari plus vieux de 23 ans, Alois, qui avait de sa deuxième femme deux enfants. Klara, cousine d'Alois, était son employée du temps de sa deuxième femme. Au moment de son mariage, Klara était enceinte de plusieurs mois.
Adolf eut ensuite un frère qui mourut à six ans et une soeur Paula décédée en 1960. Son père était le fils illégitime de la fille d'un paysan pauvre de Basse-Autriche. La grand-mère d'Hitler épousa un ouvrier meunier qui ne reconnut jamais Alois mais le confia à son frère Johann Nepomuk Hüttler.
Alois fit carrière dans les douanes. Il obtint de porter le nom d'Hüttler qui devint alors Hitler. Si bien qu'il est impossible de déterminer avec exactitude qui était le grand-père d'Hitler. Nous pouvons néanmoins affirmer que les supputations sur ses origines juives sont fausses.

"Il me venait des nausées en pensant que je pourrais un jour être enfermé dans un bureau ; que je ne serais pas libre de mon temps, mais contraint toute ma vie à remplir des imprimés"

Mein kampf

Jeunesse

L'enfance d'Hitler fut marquée par une série de déménagements : son père fut muté du côté allemand de la frontière. En 1895, Alois prit sa retraite et acheta une petite ferme près de Lambach en Haute-Autriche. Il était autoritaire avec son fils ; peut-être alcoolique. Il chassa l'aîné (du second mariage) la même année. En 1898, la famille déménagea de nouveau dans le village de Leonding, près de Linz. Après cinq ans d'école primaire dans le village, Hitler se retrouva au lycée technique de Linz. Les conflits avec le père se cristallisèrent à cette époque au sujet de la carrière future du jeune Hitler : fonctionnaire ou artiste-peintre et de ses idées politiques : soutien aux Habsbourgs du père et soutien aux mouvements de 1848 pour le fils.

C'est -d'après son propre témoignage- à cette époque qu'Hitler devint antisémite à la rencontre d'un camarade, sans doute Wittgenstein (lequel fut un philosophe fasciné par le bolchevisme plus tard). Ian Kershaw pense plutôt que c'est en 1908, lors de son séjour à Vienne, à la Felberstrasse, au foyer, au pire moment de son existence et plus encore pendant la guerre.
Les résultats scolaires d'Hitler n'étaient alors pas reluisants. Son indolence augmenta après la mort de son père en 1903. Hitler fit durant cette période sa communion, un très mauvais souvenir selon lui.
Il vécut auprès de sa mère des années très heureuses. Sa mère fut peut-être son seul véritabe amour. "Il emporta sa photo avec lui jusque dans les derniers jours du bunker". Il avait sa propre chambre ; sortait beaucoup pour des activités culturelles. ; continuait d'avoir les mêmes idées politiques. Il fit son premier séjour à Vienne.

Ruptures

Un cancer emporta sa mère en 1907 et c'est la même année qu'Hitler échoua à l'académie des beaux-arts de Vienne. Adolf revint d'urgence à Linz pour soutenir sa mère. Le médecin juif de la famille n'avait rien pu faire pour la sauver et Hitler lui fut cependant reconnaissant d'avoir essayé. Le docteur Bloch décrivit ensuite la douleur intense du fils par ces mots : "jamais je n'ai vu quiconque aussi terrassé par le chagrin qu'Adolf Hitler"
Hitler repartit pour Vienne continuer à y mener une vie de bohême et à assister aux opéras de Wagner avec son camarade Kubizek qu'il avait connu à Linz et avec lequel il partageait une passion pour la musique. La cohabition fut parfois difficile quand Hitler sortait du lit à midi. Il écartait cependant de ses périgrinations les tendances modernes de l'art viennois et fut dégouté par le monde politique en assistant à une séance de l'assemblée. À l'automne 1908, Hitler échoua une deuxième fois à l'entrée de l'académie des beaux-arts. À partir de ce second échec, commença une vie misérable faite d'errances, entrecoupée par la vente de ses aquarelles.
En 1913, il reçut sa part de l'héritage paternel ce qui lui permit de se rendre à Munich et de se faire oublier des autorités militaires autrichiennes qui voulaient de lui pour le service. Hitler fut finalement exempté en raison de ses faiblesses physiques.

Participation à la guerre

Le 3 août 1914, après la déclaration de guerre de l'Allemagne à la France, Hitler se porta volontaire en écrivant une lettre au roi Louis III de Bavière et réussit à se faire inscrire dans un régiment de réserve bavarois. La défaite le frappa fortement. Il se trouvait alors dans un hôpital en raison d'une blessure. Il a été décoré deux fois pour les risques pris à porter des dépêches jusqu'au front sous la bombarde (il fut ordonnance dans un régiment d'estafettes "dont la tâche était de transmettre les ordres du poste de commandement aux chefs de bataillon et de compagnie qui se trouvaient sur le front, à trois kilomètres de là"). Or il n'a jamais dépassé le grade de caporal obtenu dès novembre 1914. On pense donc que ses chefs le considéraient comme inapte au commandement. Il a été blessé deux fois après avoir été gazé et s'est retrouvé dans un hôpital en Poméranie (Pasewalk) à la fin de la guerre ; sa fréquentation de l'arrière et des hôpitaux a contribué à renforcer ses ressentiments pour les profiteurs de guerre et les défaitistes. Son sérieux pendant la guerre a été relaté par ses camarades qui le voyaient en "moine-soldat". À la fin de la guerre, Hitler retarda le plus possible sa sortie de l'armée et participa aux troubles de l'après-guerre en Bavière dans le sens de l'eradication des tentations révolutionnaires dans les casernes. Il fut même employé pour donner des cours nationalistes aux soldats et découvrit à ce moment son talent d'orateur. En 1919, Hitler rejoignit le parti de Drexler, le DAP (Parti Ouvrier Allemand). Le parti connut un départ laborieux. Hitler se fit connaître par des discours tonitruants dans les brasseries de Bavière, entouré des SA (dirigés par Röhm puis Göring, as de l'aviation, décoré de la première guerre et aristocrate par alliance), au début un service d'ordre. Il devint le chef du DAP rabaptisé NSDAP en juillet 1921.

Il y eut -après le putsch de 1923- un long passage à vide du parti, lequel correspondait à l'arrestation du führer (titre déjà employé du temps de Drexler) et plus largement au retour d'une prospérité relative de l'Allemagne. Ce putsch mal préparé échoua lamentablement (Hitler et Göring furent blessés) mais Hitler profita du procès pour faire sa propagande ; le verdict fut clément (5 ans de prison sans tenir compte d'un précédent sursis pour incitation à la violence et trouble de l'ordre public) ; les conditions d'emprisonnement très avantageuses (Hitler y écrivit le premier tome de Mein Kampf qui fit sa fortune) et la peine raccourcie pour un comportement exemplaire (libération en décembre1923 alors qu'il lui restait trois ans et 333 jours de prison). Progressivement, Hitler retrouva ses droits civiques (en janvier 1927 en Saxe) ce qui ne l'empêcha pas de préparer avec soin cette échéance et de renforcer son image de chef révéré.

C'est la crise de 1929 qui a redonné au mouvement nazi un second souffle. En 1928 le parti nazi ne représente en effet que 3 % de l'électorat. Entre 1923 et 1933, le parti se refonde, séduit un jeune homme comme Goebbels (le journal du futur chef de la propagande montre sa révérence profonde pour Hitler en même temps que sa surprise devant certaines hésitations du guide et du führer) ou Himmler, âgé de 20 ans en 1927, ancien élève d'une école agricole, et déjà chef adjoint de la propagande, derrière Röhm dont il orchestra en 1934 l'assassinat. Les percées électorales d'Hitler se sont produites après des campagnes orchestrées comme de véritables marathons où Hitler donne des discours fleuves dans tout le pays.

Les femmes

Deux femmes ont compté dans la vie d'Hitler : Geli Raubal, sa nièce, Elle se suicida en 1931, à 23 ans, parce qu'il se montrait très possessif et refusait qu'elle aille s'installer à Vienne. Hitler fit ensuite disparaître méticuleusement les traces de cette liaison. La seconde femme est bien sûr Eva Braun, à l'origine une collaboratrice de son photographe officiel, Hoffmann. Elle tentera elle aussi de se donner la mort devant le peu d'attention du führer. Elle n'était pas autorisée à parader en public avec lui. Le 30 avril 1945, date de la mort d'Hitler, Hitler et Eva Braun se marièrent.
Au plan sentimental, Hitler semble avoir été un être inhibé. Il aimait comme son père les femmes qu'il pouvait dominer donc beaucoup plus jeunes que lui comme Maria Reiter qu'il a connu à Berchtesgaden (Alpes) à l'automne 1926.

D'après Cyril et Nathalie Buffet dans l'Histoire

Hitler vers le pouvoir

En 1929, un certains nombres d'hommes qui comptent dans l'Allemagne de Weimar vont aider Hitler dans sons ascension politique. Hugenberg (président du directoire du Krupp, magnat des média et chef d'un parti nationaliste) invite Hitler à participer à une campagne contre le plan Young. Hitler ne représente pas un danger politique très clair et il a l'avantage de détourner une partie des masses populaires des communistes. Il est aussi soutenu par le banquier Schroeder.
Avec la crise de 1929, le NSDAP et son leader vont engranger les succès électoraux : le plus spectaculaire étant la percée du 14 septembre 1930 où le parti nazi obtient 18,3 % des voix.
Hitler participe à la grande manifestation (octobre 1931) ultra-nationaliste de Bad Harzburg organisée par Hugenberg en présence de grands industriels dont Thyssen ; un financier comme Hjalmar Schacht ; des généraux et même des fils de Guillaume II.
Membre de l'entourage de Hindenburg, le général Kurt von Schleicher réussit à convaincre le président de le nommer chancelier début 1933 à la place de Papen. Ce dernier, revanchard, rencontre Hitler le 4 janvier 1933 à Düsseldorf, chez le banquier Schroeder. Papen et les milieux d'affaires jouent la carte Hitler tout en pensant pouvoir le manipuler. Le 22 janvier est même organisé une rencontre entre Hitler et l'influent fils de Hindenburg, Oskar. Hindenburg cède le 30 janvier 1933.

Ian Kershaw pense lui que le soutien du "grand capital" à Hitler est modéré avant son accession au pouvoir. Les industriels jouent plutôt la carte Papen. Les discours d'Hitler et du parti nazi à cette époque sont plutôt orientés contre la bourgeoisie.


« Ce qui me donna bientôt le plus à réfléchir ce fut le genre d'activité des Juifs dans certains domaines, dont j'arrivai peu à peu à pénétrer le mystère.
« Car était-il une saleté quelconque, une infamie sous quelque forme que ce fût, surtout dans la vie sociale, à laquelle un Juif au moins n'avait pas participé ?
« sitôt qu'on portait le scalpel dans un abcès de cette sorte, on découvrait, comme un ver dans un corps en putréfaction, un petit youtre ébloui par cette lumière subite.
« Les faits à la charge de la juiverie s'accumulèrent à mes yeux quand j'observai son activité dans la presse, en art, en littérature et au théâtre. [...] C'était une peste, une peste morale, pire que la peste noire de jadis, qui, en certains endroits, infectait le peuple. Et en quelles doses massives ce poison était-il fabriqué et répandu ! Naturellement, plus le niveau moral et intellectuel des fabricants de ces œuvres artistiques est bas, plus inépuisable est leur fécondité, jusqu'à ce qu'un de ces gaillards arrive à lancer comme le ferait une machine de jet, ses ordures au visage de l'humanité. '« Que l'on considère encore que leur nombre est sans limite ; que l'on considère que, pour un seul Goethe, la nature infeste facilement leurs contemporains de dix mille de ces barbouilleurs, qui dès lors agissent comme les pires des bacilles et empoisonnent les âmes. »

Mein kampf

D'après Ian Kershaw

Hitler et la politique

Les Allemands et Hitler
La majorité de ceux qui votent en faveur d'Hitler ou du parti nazi sont poussés par des motivations assez peu idéologiques : soucis d'un gagne-pain, considérations locales, calculs d'intérêts.

Les talents d'orateur du führer
"Il sait créer jusqu'à l'extase parmi ses auditeurs. Hitler maîtrise phrasé et rythmique, il commence par observer le silence pour créer une tension, puis entreprend son discours d'un ton hésitant qui devient plus harmonieux jusqu'à ce qu'éclatent les premiers staccatos de phrases hachées, hurlées, que suivent des rallentandos calculés afin de souligner un point important, le tout appuyé par un jeu de mains qui va crescendo au fur et à mesure que le discours s'emballe".

Manière de gouverner
Il se levait très tard, lisait à peine ses dossiers, avait horreur de donner des directives. Souvent les ordres hitlériens sont en fait des réponses à des questions.

Hitler : les années 36-39

Le second volet de la biographie de Ian Kershaw vient de sortir et couvre les années1936 à 1945 c'est-à-dire les années de guerre au sens large depuis la remilitarisation de la Rhénanie jusqu'à la capitulation.
L'auteur cherche à comprendre l'origine du déchaînement de la violence par le régime nazi avec à sa tête un Hitler va-t-en-guerre, toujours le premier à vouloir en découdre.
Car c'est une des découvertes de ce livre :
contrairement aux idées reçues, l'opinion allemande ne s'attendait pas à la guerre ; elle espérait une stabilisation et un assagissement du régime après des années de consolidation. Ainsi, à la veille des opérations dans les Sudètes, un défilé militaire est boudé par l'opinion. Hitler semble dans un premier temps les conforter dans cet a priori lorsqu'il annonce en 1936 que le temps des surprises est bien révolu. Pourtant dès 1937, Il dévoile à ses généraux ses plans d'expansion ; l'état-major est inquiet par la perspective d'un affrontement avec la France et la Grande-Bretagne.
Bien évidemment, il n'est pas question de nier la grande popularité du führer galvanisé par des foules immenses, celles qui célébrèrent par exemple l'Anschluss, mais de comprendre que l'idée du grand Reich, du lebensraum, de combat contre les Slaves n'est pas une priorité du peuple allemand lequel veut comme les autres peuples d'Europe préserver la paix.

Dans les années trente la fascination en Occident pour le führer est perceptible même chez Lloyd George. D'ailleurs, Kershaw nous rappelle combien les alliances ont été hésitantes à se dessiner. Les Allemands ont longtemps désiré s'allier aux Anglais lesquels ont décliné l'offre. C'est l'opinion de Goering. L'alliance avec le Japon est une alliance anti-komintern et plus particulièrement dirigée contre l'Urss, voisin du Japon et de l'Allemagne via le Pologne.

Les Jeux Olympiques de Berlin en 1936 sont un excellent exemple de cette manifestation de sympathie pour le principal dirigeant de l'Allemagne : le salut de la foule à l'entrée du führer et même de la plupart des délégations (les Anglais et les Américains s'abstiennent cependant) le démontre.
Au sein de l'Allemagne, une bonne partie des élites suivent et célèbrent le règne nazi : Richard Strauss dirige par exemple en personne l'orchestre qui fit l'ouverture des JO ; Furtwangler participe au festival de Bayreuth ; les descendants de Wagner sont des amis du führer.

En outre, les premiers coups de force du führer inquiètent les alliés lesquels vont s'efforcer de ne pas intervenir : ainsi au moment de l'Anschluss, le chancelier autrichien appelle au secours les Anglais. Le gouvernement anglais fait cette réponse qui ne manque pas d'aplomb : "le gouvernement de sa Majesté n'est pas en mesure de garantir votre protection". L'annexion réalisée, Hitler s'offre un triomphal voyage dans son pays natal, passant justement par Braunau. Hitler et Chamberlain se rencontrent devant la dégradation de l'atmosphère et les déclarations de plus en plus violentes du führer contre le tchèque Bénès. La rencontre qui précède Munich à lieu dans un hôtel de Bad Godesberg.

Il est intéressant aussi de glaner des informations au fil des pages sur la vie quotidienne d'Hitler : son goût pour le cinéma de divertissement (par exemple pour les dessins animés de Mickey) ; sa passion pour l'architecture, prétexte à des discussions avec Speer sur le projet Germania ; sa vie conjugale frustrante pour Eva Braun qui -cachée du public- tente plusieurs fois de se suicider.

Les Juifs n'ont pas toujours été une obsession des nazis : la nuit de Cristal est dans ce domaine une étape majeur dans le procesus de répression comme l'est l'exposition sur les Juifs donnée à Munich (Le juif éternel). Des synagogues brûlent : les pompiers ont pour consigne de les laisser se consumer. A partir de ce déchaînement des foules antisémites, encouragé par les plus hautes autorités, les incidents se multiplient. Un décret du 17 août oblige les Juifs de sexe masculin à ajouter à leurs prénoms celui d'Israël pour les hommes et de Sarah pour les femmes, prénoms à utiliser pour les démarches officielles.
Au début, la priorité nazie est l'exil vers la Palestine même si le danger que représente la fondation d'un Etat juif est évoqué.

Lorsque les tensions augmentent avec la Tchécoslovaquie, les menaces poussent le president Hacha à se rendre en Allemagne pour rencontrer Hitler et modifier son attitude. Il voyage en train car son cœur malade l’empêche de prendre l’avion. Hitler le fait patienter longtemps avant de le recevoir pour l’intimider. Pendant qu’Hacha se morfond, Hitler visionne un film intitulé “un cas désespéré”. Le médecin personnel du fuhrer doit faire une piqure préventive au président pour eviter qu'il ne défaille. Hacha cède la Bohême et la Moravie à l’Allemagne.

Les Occidentaux se rendent de plus en plus compte qu’ils ont été trompés ;ils annoncent clairement qu’ils interviendront en cas d’attaque de la Pologne. Après la Tchécoslovaquie, Hitler convoite et s’empare de Memel en Lituanie. Dans son pays, Hitler est toujours aussi populaire même si les menaces d’un conflit avec les Occidentaux se précisent.

L’année 1939 est marquée par la signature du pacte germano soviétique qui fait l’effet d’une bombe. Hitler veut avoir les mains libres pour ses offensives à l’Ouest afin ensuite de concentrer ses troupes pour l’attaque annoncée dès Mein kampf de l’URSS. Staline cherche à gagner du temps ; il est en outre convaincu que les Occidentaux veulent pousser Hitler à le combattre. Enfin, il veut détourner les Japonais de toute ambition belliqueuse. La discussion dérive cependant très vite sur le partage de la Pologne. L’accord est fêté en grande pompe au Kremlin où Staline porte un toast à Hitler.

La Pologne est de plus en plus l’objet des déclarations agressives d’Hitler qui réclame le couloir de Dantzig. Le haut commissaire de la SDN pour Dantzig est recu dans le nid d’aigle du führer (cet édifice construit par 3500 hommes pour les 50 ans du fuhrer est perché à 2000 mètres ; on y accède par un ascenseur depuis la plate-forme de marbre à 50 mètres en-dessous ; il est resté la plus grande partie de la guerre vide). Il entend les desiderata d’Hitler et ne parvient pas à calmer le jeu. Pourtant même Mussolini n’est pas très enthousiasmé par les ambitions de son allié. En Allemagne, on continue de faire mine de croire que les Anglais laisseront faire. Hitler fomente des incidents à la frontière en laissant entendre qu’ils émanent des Polonais alors qu’en réalité ce sont des soldats allemands, parfois déguisés, qui créent de toute pièce les incidents.

Lorsque la campagne de la Wehrmacht en Pologne débute les premiers jours de septembre, Hitler se rend sur le front avec son train blindé. Son passage à Dantzig donne lieu à des scènes de liesse. La vie continue en Allemagne : le premier week-end de la guerre par exemple, près de 200 matchs de football se jouent. La SS en Pologne se livre pourtant à des exactions qu’Hitler amnistie au nom du besoin de vengeance (des actes cruels ont aussi été commis par les Polonais). Le comportement des SS est condamné jusque dans les rangs des officiers allemands ; Hitler rétorque qu’”On ne gagne pas la guerre avec les méthodes de l’armée du salut”. Les opérations des nazis en Pologne commencent même à prendre un caractère génocidaire. Au même moment d’ailleurs l’euthanasie des malades mentaux est pratiquée en Allemagne dans la légalité. Dans sa campagne polonaise, le NKVD cotè soviétique arrête et déporte près de 315 000 polonais et commet le massacre de Katyn.



IAN KERSHAW, HITLER 1936-1945, FLAMMARION